Tout médecin, infirmier, pédiatre, peut débattre de la vaccination, mais avec un revolver braqué sur sa tempe. Si pour des raisons sanitaires et scientifiques, il remet en cause la vaccination, il risque la radiation, la prison ferme et jusqu’à 100 000 € d’amende. C’est dans ce climat de menaces continuelles à l’égard des personnels de santé que s’ouvre le débat « dit démocratique » sur la vaccination en France. C’est un peu comme si vous étiez ligoté et allongé sous la lame d’une guillotine et que l’on ouvre avec vous un débat du type : « Voter socialiste est un devoir : débattons… »

Le faux débat vaccinal

« Un peu partout dans le monde, la politique vaccinale subit une profonde crise de confiance depuis plusieurs années : plus d’un quart des Français pensent ainsi que les risques des vaccins sont supérieurs à leurs bénéfices.

Cette érosion de la confiance dans la population, comme dans le corps médical – s’explique notamment par les deux retentissants scandales des campagnes vaccinales contre l’hépatite B puis la grippe H1N1. Ces dernières années, les révélations de collusions public/privé au niveau de l’expertise et des autorités sanitaires en France, ont généré des suspicions légitimes sur les risques sanitaires des adjuvants ou excipients présents dans les vaccins (sels d’aluminium, mercure…), la sous-évaluation volontaire des risques et les dérives commerciales des vaccins devenus un jackpot pour les laboratoires pharmaceutiques en panne d’innovation par ailleurs…

S’appuyant sur les recommandations de l’ancienne députée Sandrine HUREL, chargée par le Premier ministre en mars 2015 d’une mission sur la politique vaccinale, le plan d’action pour la rénovation de la politique vaccinale a été présenté le 12 janvier dernier par Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes.

Décliné en 4 axes, ce plan d’action poursuit un objectif en apparence clair : agir, auprès des particuliers, des professionnels de santé et des industriels, pour renforcer la confiance dans la vaccination. Il faut informer, coordonner, sécuriser l’approvisionnement des vaccins et ouvrir un débat public.

Pour lutter contre la pénurie de vaccins, le plan d’action prévoit d’obliger les laboratoires qui produisent les vaccins inscrits au calendrier vaccinal à mettre en place des plans de gestion d’approvisionnement, notamment en constituant des stocks réservés à la France. Ces obligations seront assorties de sanctions en cas de non-respect qui perdure depuis 7 ans.

Dès le début de cette année 2016, différents outils permettront de renforcer l’information diffusée par le ministère.

La concertation citoyenne sera organisée en trois temps. Dès mars prochain, une plateforme web recueillera les contributions du public, ainsi que des professionnels, associations et institutions. À partir de mai, trois jurys, composés de citoyens, de professionnels de santé et d’experts scientifiques, analyseront ces contributions. Un débat public est prévu en octobre, et les propositions du comité d’orientation sont attendues en décembre.

Un site internet dédié à la vaccination sera ainsi mis en place par la future agence nationale de santé publique (ANSP). Il comprendra deux volets : l’un en direction du grand public, l’autre en direction des professionnels de santé. Ce site internet s’inscrit dans la logique même du service public d’information en santé que construit le Gouvernement. Il centralisera les informations, les actualisera, et répondra à l’ensemble des interrogations. Chacun pourra interagir avec cet espace directement ou via les réseaux sociaux… »

Dr Marc Vercoutère, source : Alis, février-mars 2016