Chef des armées russes lors des attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001, le général Ivashov sort de sa « réserve ».

Lors de la conférence Axis for Peace organisée par le Réseau Voltaire dont nous avions parlé dans notre précédent numéro le général Ivashov expose la situation géopolitique actuelle ainsi :

Le terrorisme international n’existe pas ! Les attentats du 11 septembre sont une mise en scène. Ce que nous voyons n’est qu’un terrorisme instrumentalisé par les grandes puissances et qui n’existerait pas sans elles. Plutôt que de feindre une « guerre mondiale au terrorisme », il avance que la meilleure manière de réduire les attentats se situe dans le rétablissement du droit international et la coopération pacifique entre les États aussi bien qu’entre leurs citoyens. Le terrorisme apparaît partout où s’exacerbent les contradictions, où intervient un changement de relations sociales ou de régime, où apparaît une instabilité politique, économique ou sociale, où se libèrent des potentialités agressives, où intervient la déchéance morale, où triomphent le cynisme et le nihilisme, où le vice se légalise et la criminalité explose.

C’est la globalisation qui crée les conditions pour ces phénomènes extrêmement dangereux. C’est dans son cadre qu’intervient le nouveau découpage de la carte géostratégique mondiale, que les ressources planétaires sont redistribuées, que les frontières des États sont défaites, que le système de droit international est mis en pièces, que les particularités culturelles sont effacées, que la vie spirituelle s’appauvrit…

Le terrorisme contribue à la réalisation d’une domination mondiale et à la soumission des États à une oligarchie mondialisée. Cela signifie que le terrorisme n’est pas un sujet indépendant de la politique mondiale mais simplement un instrument, un moyen d’instaurer un monde unipolaire ayant un seul centre de direction globale, un expédient pour effacer les frontières nationales des États et instaurer la domination d’une nouvelle élite mondiale. C’est justement cette nouvelle élite qui est le sujet-clef du terrorisme international, son idéologue et son « parrain ».

Le terrorisme international actuel est un phénomène qui combine l’emploi de la terreur par des structures politiques étatiques et non étatiques comme moyen d’atteindre ses objectifs politiques par la voie de l’intimidation, par la déstabilisation sociale et psychologique de la population, par l’écrasement de la volonté de résister des organes du pouvoir et la création des conditions propices à la manipulation de la politique de l’État et de la conduite de ses citoyens.

Le terrorisme est l’instrument d’une guerre d’un nouveau type. Simultanément, le terrorisme international, en accord avec les média, devient le système de gestion des processus globaux. C’est précisément la symbiose des média et de la terreur qui crée les conditions permettant des tournants dans la politique internationale et des modifications de la réalité existante.

Si l’on analyse dans ce contexte les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis, on peut en tirer les conclusions suivantes :

  1. Les commanditaires de ces attentats sont les cercles politiques et les milieux d’affaires qui avaient intérêt à déstabiliser l’ordre mondial et qui avaient les moyens de financer cette opération. La conception politique de cet acte a mûri là où sont apparues des tensions dans la gestion des ressources — financières et autres. Les raisons de ces attentats doivent être recherchées dans la collision des intérêts du grand capital au niveau transnational et global, dans les cercles qui ne sont pas satisfaits par les cadences du processus de globalisation ou par la direction que ce processus prend.
  2. Seuls les services secrets et leurs chefs actuels ou retraités — mais ayant conservé de l’influence à l’intérieur des structures étatiques — sont capables de planifier, organiser et gérer une opération de telle ampleur. D’une manière générale, ce sont les services secrets qui créent, financent et contrôlent les organisations extrémistes. Sans leur soutien, de telles structures ne peuvent pas exister — et encore moins effectuer des actions d’une telle ampleur à l’intérieur de pays particulièrement bien protégés. Planifier et réaliser une opération de cette échelle est extrêmement compliqué.
  3. Oussama Ben Laden et « Al-Qaïda » ne peuvent être ni les organisateurs ni les exécutants des attentats du 11 septembre. Ils ne possèdent ni l’organisation requise pour cela, ni les ressources intellectuelles, ni les cadres nécessaires. Par conséquent, une équipe de professionnels a dû être formée et les kamikazes arabes jouent le rôle de figurants pour masquer l’opération.

L’opération du 11 septembre a changé la marche des événements dans le monde, dans la direction qu’avaient choisie les oligarques internationaux et la mafia transnationale, c’est-à-dire ceux qui aspirent au contrôle des ressources naturelles de la planète, à celui du réseau d’information globale et des flux financiers. Cette opération a aussi joué le jeu de l’élite politique et économique des États-Unis qui aspire également à la domination globale

L’usage du terme « terrorisme international » vise à remplir les objectifs suivants :

  1. la dissimulation des buts réels des forces réparties à travers le monde, luttant pour la domination et le contrôle global ;
  2. le détournement des revendications des populations dans une lutte aux buts incertains contre un ennemi invisible ; la destruction des normes internationales fondamentales, l’altération conceptuelle des termes tels que : agression, terreur étatique, dictature ou mouvement de libération nationale ;
  3. la privation des peuples de leur droit légitime à la résistance armée contre l’agression et à l’action contre l’activité de sape de services spéciaux étrangers ;
  4. la renonciation à la défense prioritaire des intérêts nationaux, la transformation des objectifs dans le domaine militaire par un glissement vers la lutte contre le terrorisme, la violation de la logique des alliances militaires au détriment d’une défense conjointe et au profit de la coalition anti-terroriste ;
  5. la résolution des problèmes économiques par voie d’une contrainte militaire forte sous prétexte de la lutte contre le terrorisme

Pour stopper l’orchestration de cette terreur visant à une globalisation par la force, le général Leonid Ivashov préconise :

  1. un renforcement des principes de la Charte des Nations-Unies et du droit international devant être respectés par tous les États sans exception.
  2. former une union géostratégique de civilisation avec une autre échelle de valeurs que celle des Atlantistes.
  3. élaborer une stratégie de développement des États, un système de sécurité internationale, un autre modèle économico-financier (ce qui signifierait remettre le monde sur deux pieds).
  4. associer (sous l’égide de l’ONU) les élites scientifiques à l’élaboration et la promotion des conceptions philosophiques de l’Être humain du XXIe siècle.
  5. organiser l’interaction de toutes les confessions religieuses du monde, au nom de la stabilité du développement de l’humanité, de la sécurité et du soutien mutuel…

Axis for Peace et Réseau Voltaire, 9 janvier 2006