Pour réfléchir aux conséquences de la mise en relation des hommes et des ressources que permet le net, cet essai propose des pistes concrètes. La révolution numérique donne accès à tous, à une quantité de connaissances vertigineuses. Les réseaux sociaux fourmillent de données sur le quotidien des « connectés ». Chacun laisse des traces, qui sont autant de renseignements précis sur les profils des internautes. Les « GAFA », ces géants du numérique (Google, Apple, Facebook ou Amazon) utilisent cette multitude de données, les big data. Est-ce un nouvel appareil de renseignements ? Quelles conséquences pour chacun de nous ? pour la démocratie ? Une nouvelle dictature insidieuse est-elle en train de s’installer ?
Même si cet essai, très illustré de cas concrets, met l’accent sur ce qui est négatif, — et franchement négatif — dans ces pratiques qui passent inaperçues et nous rends tous ou presque « transparents » à notre insu et avec notre accord, c’est une synthèse très abordable qui ne peut que inciter à aller plus loin. Pas de contenu théorique. Écrit à deux mains par un journaliste et un écrivain, ce livre se lit d’une traite comme un roman, sauf que celui-ci n’est pas de la fiction, mais bien réel. Évidemment, d’entrée de jeu, le lecteur est prévenu qu’il n’y aura pas l’effet balancier de tout ce que le numérique nous apporte de positif et extrêmement positif. Il explique les conséquences de nos gestes numériques quotidiens qui sont tombés dans la banalité. À nous de mesurer à quel point il est entré dans nos vies et s’il est possible de s’en passer. Le grand mérite de cet ouvrage est de nous faire vraiment réfléchir. Le style ne ménage pas le lecteur ni l’effet d’annonce dramatique :
« Si 70 % des données générées le sont directement par les individus concernés, ce sont des entreprises privées qui les exploitent. C’est ainsi qu’Apple, Microsoft, Google ou Facebook détiennent aujourd’hui 80 % des informations personnelles numériques de l’humanité. Ce gisement constitue un nouvel or noir… Jamais, dans l’histoire de l’humanité, un aussi petit nombre d’individus n’aura concentré autant de pouvoir et de richesse. Le monde digital aura donné naissance à une hyper-oligarchie. »
Ou encore :
« Cette révolution numérique ne se contente pas de modeler notre vie vers plus d’informations, […] elle nous dirige vers un état de docilité, de servitude volontaire, de transparence dont le résultat final est la disparition de la vie privée et un renoncement irréversible à notre liberté. »
À lire d’urgence…
L’homme nu. : La dictature invisible du numérique,
Marc Dugain ; Christophe Labbé. Plon, 2016.
