« Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible, rendront une révolution violente inévitable » John Fitzgerald Kennedy

« L’inertie des assemblées face aux menées inconstitutionnelles du chef de l’exécutif reviendrait à trahir la confiance du peuple qu’elles sont censées représenter, à trahir l’esprit de la démocratie et celui de la République, à vider de substance l’article 68 lui-même… » François Asselineau

L’article 68 de notre Constitution prévoit la destitution du président de la République en cas de manquement à ses devoirs et en cas de viols répétés de notre Constitution.

Monsieur Asselineau rappelle que le déclenchement de l’article 68 de la Constitution n’est pas un vote immédiat pour ou contre la destitution du président de la République.

Il institue le lancement d’une procédure contradictoire, où le chef de l’État est requis de venir s’expliquer devant une Haute Cour constituée de parlementaires sur les « motifs susceptibles de caractériser un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ».

La première étape consiste à avoir 58 députés ou 35 sénateurs votant en faveur du déclenchement de l’article 68. Leurs motivations sont alors présentées au Sénat et au Parlement. Leur vote aurait pour objectif de convaincre au moins 2/3 de leurs collègues d’instituer la Haute Cour afin d’interroger M. Macron sur les raisons des manquements observés, quitte ensuite aux membres de la Haute Cour de juger en conscience s’ils votent pour ou contre la destitution.

Dans le cas où il ne se trouverait même pas 58 députés ou 35 sénateurs pour voter en faveur du déclenchement de l’article 68, cela signifierait que la quasi-totalité des parlementaires estiment que toutes les violations à la Constitution commises par M. Macron énumérées dans la liste ci-dessus – de même que les possibles malversations financières et entraves à la justice – peuvent être balayées d’un revers de la main et ne méritent pas le moindre examen par la représentation nationale.

Cela prouverait crûment qu’il existe en France une crise exceptionnellement grave de la représentativité et une inconscience coupable de la classe politique dirigeante. Cela signifierait que les menées inconstitutionnelles de Macron trahissent la confiance du peuple. Que tous les représentants de l’extrême gauche à l’extrême droite trahissent le peuple. Que le Sénat, le Conseil Constitutionnel, le Parlement et toute instance politique en général trahissent le peuple. Que tout esprit de démocratie, y compris celui de République même, est trahi. Que l’article 68 de notre Constitution est foulé aux pieds par toute la classe politique en place, de l’extrême droite à l’extrême gauche.

Ces faits avérés aux yeux du peuple engendreraient des conséquences que Monsieur Asselineau n’ose pas évoquer :

1°) Que notre Constitution, outil de contrôle des élus par le peuple, n’existe plus. Le peuple serait donc à l’avenir soumis à l’arbitraire et à toutes sortes de déviances du pouvoir qui, en substance, ne pourrait plus jamais être qualifié de démocratie ou de République.

2°) Ce constat institue un ultime droit légitime à la révolte contre l’arbitraire, fondé sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Rappelons que l’article 35 de la Constitution de 1793 stipule : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Sans pour autant se référer à cet article, le seul et unique recours du peuple face à l’arbitraire est la révolte.

3°) La révolte est donc un devoir naturel quand précisément il n’y a plus de respect du droit constitutionnel. Il revient alors à tout citoyen en solidarité avec d’autres citoyens d’instituer en son âme et conscience son mode de résistance à l’oppression. Elle peut être économique, fiscale, intellectuelle, pacifique et malheureusement dans certains cas violente. En effet, comme le disait le président John Fitzgerald Kennedy : « Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible, rendront une révolution violente inévitable ».

4°) L’usage de la violence légitime ne peut être confié qu’à des élus qui respectent la Constitution et donc la souveraineté du peuple. Avec Macron, sans réponse politique, la police et la gendarmerie deviennent des porte-flingues assurant la seule sécurité de son gouvernement.

Morphéus n° 92, mars avril 2019