Après la publication de documents prouvant le caractère privé de la Réserve fédérale américaine, une question similaire se pose souvent à propos de la Banque centrale de Russie fondée sous Eltsine. À qui appartient la planche à billets de la Fédération de Russie ?
La « Banque centrale », peut imprimer des roubles, mais ses fonctions diffèrent quelque peu de celles habituellement attribuées aux banques centrales des États indépendants.

Qu’y a-t-il d’inquiétant ?

On observe pratiquement la même indépendance vis-à-vis du gouvernement de la Fédération de Russie que la Réserve Fédérale Américaine à l’égard de Washington. En fait, on observe que la politique du gouvernement russe dépend entièrement de la politique de la Banque centrale qui n’est pas sous son contrôle.
La Banque centrale de Russie a été fondée le 13 juillet 1990 selon une loi calquée sur la législation américaine relative à la Réserve Fédérale Américaine, à quelques exceptions près. L’État n’est pas responsable des obligations de la banque centrale et cette dernière n’est pas responsable des obligations de l’État… En d’autres termes, l’État peut faire faillite même avec d’importantes réserves d’or et de devises. Ces réserves sont intouchables ! Elles existent, mais elles ne sont pas disponibles pour le gouvernement.

Article 2 & 6

L’article 2 des lois constituant la Banque centrale stipule :
« La Banque de Russie exerce le pouvoir de posséder, d’utiliser et de disposer de ses biens, y compris de ses réserves d’or et de devises. La saisie et la servitude de ces biens sans le consentement de la Banque de Russie sont interdites ».
Cette loi est contradictoire. Formellement propriété fédérale, la Banque centrale n’a néanmoins aucune obligation envers l’État. Et si l’État lui impose soudainement des exigences, alors l’article 6 s’impose :
« La Banque de Russie a le droit de saisir les tribunaux selon les modalités prévues par la législation de la Fédération de Russie. Elle a le droit de faire valoir ses intérêts devant les tribunaux internationaux, les tribunaux d’États étrangers et les tribunaux arbitraux ».
Il s’agit en quelque sorte « d’un État dans l’État » aux droits supranationaux que le gouvernement russe ne peut remettre en cause.
Bien sûr, le gouvernement russe pourrait désobéir aux décisions des tribunaux internationaux en utilisant les réserves d’or et les devises conformément à la première phrase de l’article 2 de la loi : « Le capital social et les autres biens de la Banque de Russie sont propriété fédérale ».
Cependant, les réserves d’or et de devises ne se trouvent pas à la Banque centrale russe. Où sont-elles ?
Les devises qui se chiffrent en milliards ne sont jamais transférées à la Banque centrale en espèces. Cet argent est représenté par des chiffres dans un ordinateur bancaire. Et dans quel ordinateur ? Dans quelle banque ? La Banque centrale russe ? Leur présence sur les comptes de la Banque centrale doit d’une manière ou d’une autre se refléter dans le système financier international. Cela signifie qu’il existe quelque part en Occident un ordinateur central bancaire où sont stockées des informations indiquant que la Banque centrale de la Fédération de Russie détient bel et bien cet argent en devises. Or, cet ordinateur est contrôlé par la Banque mondiale, le FMI et la Banque des Règlements Internationaux, qui contrôlent la politique de la Banque Centrale russe.
Deuxièmement, les réserves d’or et de devises ne sont même pas de la monnaie. La Banque centrale de la Fédération de Russie a changé l’essentiel de ses réserves d’or et de devises en « obligations d’État américaines », en 2007. Les « analystes » financiers préfèrent garder le silence à ce sujet. En fin de compte, la Banque centrale a dissimulé « ses » réserves d’or et de devises, de telle sorte que l’État russe n’y ait pas accès. En clair, la Banque centrale russe achète des bons du trésor américain soutenant les USA et interdisant l’accès de ces richesses à l’État russe.

Article 22

Mais il y a pire, il s’avère que selon l’article 22 :
« La Banque de Russie n’est pas autorisée à accorder des prêts au gouvernement de la Fédération de Russie pour financer le déficit du budget fédéral, ni à acquérir des titres d’État lors de leur placement initial.. La Banque de Russie n’est pas autorisée à accorder des prêts pour financer les déficits des budgets des fonds extrabudgétaires de l’État, des budgets des sujets de la Fédération de Russie et des budgets locaux ».
La Banque centrale de la Fédération de Russie n’a, en aucun cas, le droit de prêter de l’argent au gouvernement russe et, par conséquent, ce mécanisme d’injection de monnaie dans l’économie est totalement invalidé par la loi actuelle. Comment les roubles sont-ils mis en circulation ? En achetant des devises étrangères, c’est-à-dire en obtenant des dollars. La Banque centrale imprime des roubles à hauteur des dollars qu’elle détient. De ce fait, la masse du rouble circulant en Russie est directement liée au dollar. Selon la loi, la Banque centrale est simplement tenue de maintenir un taux de change constant du rouble par rapport au dollar. Ainsi, le système financier russe est techniquement une branche régionale du système financier de la Réserve Fédérale Américaine.

Un héritage de B. Eltsine

Il est évident qu’une telle situation témoigne de la subordination du système financier russe au système financier international et à son principal pilier, la Réserve Fédérale. Il est également évident qu’un tel État est sous tutelle, instaurée par des agents d’influence occidentaux, en la personne de Gerashchenko et d’autres figures de la finance. Sous le couvert d’un système financier prétendument indépendant et libre de toute ingérence de l’État, une infrastructure financière russe entièrement subordonnée à l’Occident a en réalité été mise en place. Et il n’aurait pas pu en être autrement avec les réformes de Boris Eltsine en 1990, véritable agent occidental à la solde des banquiers américains.
Si l’on suit la logique de la loi bancaire, la Banque centrale de Russie est une banque commerciale. Elle réalise des bénéfices, générés par toutes ses activités, y compris le seigneuriage, à savoir le profit issu de l’émission directe de monnaie dans le pays. Ce bénéfice n’est pas soumis au contrôle du gouvernement et n’est pas versé au budget de l’État.
On peut également ajouter que les salaires des employés de la Banque centrale sont fixés par son Conseil d’administration, lui-même élu par la Douma.

Les tentatives de nationalisation

L’ouvrage de V. V. Martynenko, « La Politique Inconnue de la Banque de Russie », explique clairement que la Banque centrale dispose d’un lobby très puissant à la Douma d’État. Et l’adoption de lois sur la Banque centrale, comme aux États-Unis, se déroule selon un scénario à peu près identique : la corruption. L’élite politique russe est en grande partie soudoyée par la Banque centrale.
En 2000, Poutine a tenté de nationaliser la Banque centrale de la Fédération de Russie. La Douma l’a refusé. Même le « parti au pouvoir », Russie Unie, n’a pas soutenu Poutine dans cette démarche. En général, aucun parti ne l’a soutenu, y compris le Parti communiste de la Fédération de Russie. Ce qui nous fait réfléchir sur la nature politique des partis russes en général.
Le gouvernement actuel continuera de tenter de placer cet organisme bancaire « d’État » sous le contrôle de l’État. Il est essentiel de le soutenir dans cette démarche. A défaut d’y parvenir, il faut projeter de créer une Banque sous le contrôle du gouvernement russe. C’est ce qui se profile.
Maxon, le 18 déc. 2006
http://malchish.org

UNE CONSTITUTION RUSSE FAITE EGALEMENT PAR LA CIA

Les 4 et 11 janvier 2020, sur Twitter, Trump a critiqué la CIA pour son incapacité à prendre le contrôle de la Russie alors que ses agents sont les auteurs de la Constitution russe de 1990.
Trump : « Quand l’Union soviétique s’est effondrée, je n’étais pas encore aux affaires, mais dans les hautes sphères, j’entendais constamment la CIA se vanter : « Nous avons transformé leur pays, nous avons rédigé leur Constitution ». Alors messieurs, pourquoi ne pouvez-vous pas les contrôler aujourd’hui ? C’est bien vous qui avez rédigé leur loi fondamentale ? », s’indignait-il.
Ces tweets ont rapidement été supprimés des réseaux sociaux mais des captures d’écran subsistent. Par ailleurs, dans le Washington Post, Trump aurait réprimandé la directrice de la CIA, Gina Haspell, lors d’une réunion à huis clos, et l’aurait exhortée à intensifier ses opérations en Russie. Le Washington Post cite Trump :
« Nous pensions qu’en rédigeant la loi fondamentale du pays, nous prendrions le dessus sur eux, mais les Russes nous ont bernés. Leur force réside dans le fait que, pour eux, la Constitution n’est pas une loi. Ils ont commencé à l’ignorer. Nous avons tenté de les priver du rôle dirigeant du parti, mais ils ont quand même réussi, d’une manière ou d’une autre, à instaurer un système de parti unique. Nous voulions les priver de l’Orthodoxie, mais ils ignorent de fait l’article sur la laïcité. C’est pourquoi nous devons désormais tout mettre en œuvre pour les ramener à la légalité et au respect de la Constitution. Les Russes sont forts tant qu’ils se moquent des lois, ce qui signifie que nous devons insister pour qu’ils les respectent ».