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Le système français de surveillance de satellites passe sous contrôle des USA avec la vente d’ALSTOM.

Éric Denécé, docteur ès Science Politique, habilité à diriger des recherches, est directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). Il affirme que la récente vente d’ALSTOM à General Electric (GE) pose un problème fondamental de souveraineté à notre pays, tant en matière énergétique que militaire, deux domaines dans lesquels notre indépendance est désormais, il faut bien le dire, révolue.

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« En matière de turbines pour les bâtiments de surface et les sous-marins de la marine nationale, General Electric se trouve désormais être un fournisseur en situation de quasi monopole, ce qui rendra notre flotte de guerre très largement dépendante de ses livraisons ».

Conséquences : Toute la marine française ainsi que nos sous-marins nucléaires se retrouvent en situation de dépendance perdant toute autonomie. Si ce pays refuse de produire et de fournir les pièces essentielles à l’entretien de notre marine, cette dernière restera à quai, inopérante et sera progressivement intégralement démantelée.

« En matière de surveillance de l’espace, nous cédons également la filiale d’ALSTOM Satellite Tracking Systems, qui fournit nos armées — en particulier la Direction du Renseignement Militaire (DRM) — et qui contribue à l’efficacité de notre dissuasion nucléaire par la surveillance constante de l’activité et de la position des satellites alliés ou adverses ».

Conséquences : La totale dépendance vis à vis de renseignements satellitaires venant des USA, rend l’ensemble de notre arsenal nucléaire et notre aviation aveugles, par conséquent inopérants. Si les USA refusent de nous donner toute information et nous empêchent de vérifier toute information, l’arsenal nucléaire français terrestre deviendra inutile, obsolète et fin prêt pour son démantèlement.

« Sur le plan du nucléaire civil, nous sommes, par cette vente, totalement entre les mains de Général Electric pour l’approvisionnement de nos centrales en turbines, en pièces de rechange, mais aussi en matière de développement de ces composantes essentielles pour le fonctionnement d’installations nucléaires. Le rachat de cette filiale critique remet directement en cause notre maîtrise intégrée de la construction d’une centrale – donc notre autonomie ».

Graves conséquences civiles :

En matière de nucléaire civil, les centrales françaises sont vieillissantes et peuvent à tout moment avoir besoin de composants vitaux pour des réparations essentielles pour la sûreté nucléaire. Devenus totalement dépendant de General Electric dans ce domaine, les tarifs des composants peuvent être décuplés ou centuplés par cette firme puisque nous n’avons plus la maîtrise de leur fabrication. En cas d’urgence, suite à un incident nucléaire, General Electric sera en position d’exercer une pression à laquelle aucun gouvernement ne saura résister.

Éric Denécé conclut : « Dans tous ces domaines, nous venons d’abandonner à la fois notre souveraineté, des savoir-faire technologiques essentiels que peu de pays au monde maîtrisent et que nous avons mis des années à construire… Dans ce cas, le rachat d’ALSTOM par General Electric n’a pas pour but d’acquérir une technologie dont les Américains ne disposeraient pas, mais au contraire d’en priver un allié souvent rétif, dérangeant, et surtout un concurrent réel. La France sera désormais aveugle en la matière et nous n’aurons d’autre option que de nous ranger derrière la bannière américaine et d’adhérer à leur politique étrangère de plus en plus irresponsable et dangereuse pour la paix mondiale ».

www.geopolintel.fr, 18 janvier 2015