Antoine Peillon :

Les banques proposent dans des paradis fiscaux de créer des sociétés écran dont vous n’êtes pas le propriétaire officiel. Quand vous avez une activité économique vous faites facturer votre activité économique par ces sociétés fictives, et ainsi l’argent est immédiatement placé dans le paradis fiscal.

Ceux qui pratiquent cela sont des hyper riches ayant plus de 10 millions d’euros de patrimoine. On estime qu’il y a environ 200 000 hyper riches en France. C’est un gâteau d’un montant potentiel de 2 000 milliards d’euros qui intéresse évidemment les banques organisatrices de l’évasion fiscale.

Le système judiciaire, nombre de fonctionnaires de police, de membres des renseignements, de douaniers, d’agents de la Banque de France, en ont assez et enquêtent à fond depuis des années. Or, leurs enquêtes n’aboutissent pas. Alors, ils parlent de plus en plus. Ils ont des sources à l’intérieur des banques qui en ont marre de ces pratiques les mettant en danger juridique. Tout le monde parle aujourd’hui. On n’a jamais bénéficié d’autant de sources en la matière et d’autant d’agents bancaires et fonctionnaires prêts à témoigner si de grands procès devaient s’ouvrir.

Le modèle économique de UBS inclue structurellement l’évasion fiscale comme activité quasi industrielle. UBS est un modèle en la matière, par les techniques et par l’investissement de cette banque sur cette activité.

Les paradis fiscaux ne se sont jamais aussi bien portés d’après tous les spécialistes. La lutte contre la fraude fiscale est un véritable fiasco. Non seulement les évadés fiscaux ne sont pas inquiétés mais la fraude fiscale dans son ensemble jouit d’une totale impunité car il y a un retour de l’évasion fiscale vers le financement occulte de la politique.

Concernant l’affaire Cahuzac, la DCRI (Direction du renseignement intérieur) ne pouvait ignorer les avoirs offshore de Jérôme Cahuzac. Le renseignement intérieur récolte de la douane de façon intensive toutes les informations de flux financiers dès qu’ils sont suspects.

Quand on a un conseiller financier à Paris, une banque conseiller financière à Genève, une banque UBS et une gestion de flux financiers sur Singapour, ça représente beaucoup de frais d’ingénierie financière internationale. Or, on ne met pas une telle ingénierie financière en place pour 600 000 €, le ticket d’entrée pour une telle structure est de 10 millions d’euros minimum. L’affaire Cahuzac telle que présentée au public est une blague !

Je possède quasiment tous les documents de l’évasion fiscale de l’intérieur d’UBS depuis 10 ans. Tout ce que je possède est possédé par l’appareil judiciaire, les services de police, la douane judiciaire. Une autorité de la Banque de France en est également informée. Tout cela remonte au Procureur de Paris, au Parquet de Paris qui bloque. Toutes mes sources et y compris des magistrats du Parquet de Paris, affirment que toutes ces affaires finissent dans ce qu’ils appellent le coffre fort. Il y a interdiction d’aller plus loin dans l’enquête. Tout simplement parce que les personnes concernées soit sont des amis, soit sont des supports des gens qui sont au pouvoir. C’est de la trahison, de la très haute trahison à l’égard de la nation.

Extraits choisis d’interviews de Antoine Peillon
sur France Info, France Inter et France 3,
Morphéus n° 57, mai 2013