« Plusieurs régions de la planète font face à la montée de forces destructrices qui menacent en fin de compte la sécurité de tous les peuples du monde. Les états qui tentent « d’exporter la démocratie » par la voie militaire se rendent complices de ces forces.

Dans ce contexte, la Russie peut et doit jouer un rôle défini par son modèle de civilisation, sa grande histoire, sa géographie et son génome culturel, qui combine de façon organique les bases fondamentales de la civilisation européenne et l’expérience séculaire de coopération avec l’Orient, où se développent actuellement de nouveaux centres de pouvoir économique et politique.

Plus fondamentalement et à plus long terme, les problèmes actuels ne sont pas conjoncturels. Le monde d’aujourd’hui fait face à une crise systémique grave, un processus tectonique de transformation globale. C’est une manifestation globale du passage à une nouvelle époque culturelle, économique, technologique et géopolitique. » Vladimir Poutine le 16 janvier 2012.

Poutine siffle ici la fin de partie du Nouvel Ordre Mondial anglo-saxon. L’Occident s’est fourvoyé dans une idéologie qui l’a mené à sa ruine. Dans le même temps, la Russie et la Chine sont devenus les pays les plus puissants de la planète. Certains pays émergents comme l’Inde vivent des situations économiques viables avec une stabilité monétaire bien plus puissante que l’Europe et les USA. Nous n’avons pas seulement délocalisé nos industries, nous avons vendu nos ingénieurs, notre savoir faire industriel centenaire et cela au seul profit de quelques profiteurs transnationaux du N.O.M. Aujourd’hui le constat est simple, l’intelligence industrielle, la puissance économique, la puissance militaire ont changé de mains. L’OTAN même ne peut s’opposer aux décisions de Moscou et de Pékin.

Poutine vit son instant de gloire, en accord avec ses ambitions qui aujourd’hui touchent au remodelage du monde à l’image de l’axe russo-chinois. Selon la logique des forces en présence et la puissance économique, la Russie, la Chine et certains pays émergents vont diriger ce monde.

Cependant, est-ce que ces critères convergents de toute puissance sont déterminants aujourd’hui ? Ne sommes-nous pas entrés dans une ère où seuls des critères de gestion harmonieuse de l’ensemble des ressources planétaires feront force de loi ? Est-il besoin de disposer d’or, de puissance militaire et d’une économie saine pour accéder à une économie coopérative globale, seule garante de la survie de l’espèce humaine et des autres espèces ? Les logiques d’opposition de blocs politico-économiques à l’échelle mondiale ont-elles encore un sens aujourd’hui ?

On ne peut diriger un monde nouveau sur les logiques d’un ancien monde. Ce serait comme voir un homme de Néanderthal tenter de gérer avec ses moyens l’arrivée de l’Homo Sapiens. Nous vivons l’arrivée de « l’Holo Sapiens » dont les logiques d’intégrations sont globales et planétaires. Toutes les tentatives consistant à faire involuer l’humanité ont échoué. Ceci veut dire qu’aussi puissant que puisse être Monsieur Poutine, il n’en demeure pas moins archaïque ; son « génome culturel » n’égalant en rien le « génome holistique » qui vient.

Frédéric Morin