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Les Yes Men sont une équipe d’américains lassés de la corruption et de la pathologie dont souffre notre système économique actuel. Aux USA, on les qualifie de « team players », (équipe de joueurs). Cependant derrière leur humour se cache une action militante anti-corporatiste très professionnelle…

Ils révèlent indirectement aux acteurs des corporations et organismes internationaux, ainsi qu’au grand public, les coulisses sordides du commerce, du monde des affaires, du corporatisme mondialiste…

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Leur manière d’opérer est tout à fait originale et inédite. Ils ne prêchent pas l’humanisme, ni ne dénoncent directement la corruption. Non, comme l’indique leur nom « Yes Men », ce sont les hommes qui disent oui à toutes les absurdités inhumaines du système en les poussant à leur paroxysme. Ils adoptent le langage des corporations, et des organismes internationaux.

Qui sont ces Yes Men ?

Andy Bichlbaum (Jacque Servin). En 1996, il travaille pour Maxim, une société californienne de création de jeux vidéos,

Mike Bonanno (Igor Vamos) est professeur au Rensselaer Polytechnic Institute de New York et artiste.

Conférence OMC des Yes Men

Andy Bichlbaum et Mike Bonnano se font passer pour des intervenants de l’OMC, après avoir créé un site internet (2001) quasiment analogue au véritable site de l’OMC. La ressemblance du site, de son portail, fait que les instances qui veulent les convier à des colloques, ou congrès, ne vérifient pas le contenu du site internet, et s’adressent aux Yes Men en pensant avoir affaire à des représentants de l’OMC…

Andy Bichlbaum fait une conférence devant des responsables politiques et hauts représentants de corporations commerciales de textile. Il fait alors l’apologie du contrôle électronique des travailleurs par leur employé (diapos sur la fainéantise des salariés hispaniques, habitués à la sieste au travail en milieu de journée). Il traite Gandhi « d’idiot protectionniste » et dénonce l’esclavage comme une perte de temps, une étape inutile avant l’exploitation directe et rationnelle des pays du tiers monde. Les faux intervenants de l’OMC, font un discours satirique sur la privatisation du marché des votes, sur l’apologie de l’esclavage à domicile. Ces propos n’ont pas suscité de réactions particulières de la part des spectateurs et participants présents, si ce n’est des remerciements.

L’auditoire apprécie ce discours qui appuie indéfectiblement la nécessité de rentabilité par un contrôle des ouvriers. Pour pousser l’absurde à son paroxysme, devant une assemblée acquise à sa cause, Andy Bichlbaum enlève alors son costume pour se retrouver en maillot moulant doré, affublé d’un appendice gonflable géant.

Il présente alors cette tenue comme le « costume décontracté du Manager ». Un écran télé encastré au sommet de l’appendice permet une télésurveillance permanente des employés. L’objectif d’un tel dispositif est d’optimiser à distance la productivité des travailleurs en leur infligeant des chocs électriques. L’auditoire prend cette invention au sérieux, et au final, applaudit les faux intervenants de l’OMC.

Quelques jours après, un journal américain titrait, le plus sérieusement du monde : une grande invention de l’OMC : « le contrôle des populations à distance par le biais de chocs électriques », en cas d’improductivité ou de rentabilité jugée insuffisante par l’employeur…

Il faudra à la vraie OMC faire un communiqué disant qu’elle n’est pas à l’origine d’une telle invention, et qu’il s’agit d’un canular orchestré de mains de maître par les Yes Men.

L’affaire Dow Chemical

En 2004, utilisant les mêmes subterfuges que la précédente opération, ils se font passer pour des représentants de Dow Chemical, le géant américain de l’industrie chimique. Invités sur la BBC, ils annoncent qu’ils verseront 12 milliards de dollars aux victimes de la catastrophe de Bhopal (cette usine chimique de pesticides qui a explosé en décembre 1984 en Inde, faisant officiellement 3 500 morts, mais 20 000 selon les associations des familles des victimes). Le résultat ne se fait pas attendre : dans l’après-midi la firme Dow Chemical perd 3 milliards de dollars en bourse.

Annonce de la dissolution de l’OMC

Lors de la Conférence sur les progrès dans l’agriculture en Australie (2005), se faisant encore passer pour des membres de l’OMC, ils annoncent une modification dans le contenu de l’allocution du jour. Ils déclarent donc que l’OMC veut refonder sa politique selon une nouvelle ligne, conforme à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Reconnaissant le pillage des richesses des pays du tiers monde par le système actuel, l’organisation du commerce va être dissoute afin de réorienter sa politique. Dorénavant les intérêts humains primeront sur les intérêts financiers.

Contre toute attente l’auditoire composé d’acteurs du commerce international, sont très favorables à ces nouvelles dispositions, affirmant qu’on ne pouvait continuer ainsi. Certains saluent le courage de l’OMC remerciant ses « faux représentants » pour ces nouvelles dispositions salvatrices.

Le lendemain, 25 000 journalistes, politiques, acteurs de la vie économique, reçurent un communiqué de presse annonçant la fin de l’OMC telle qu’on la connaissait jusqu’à présent.

Il faudra à la vraie OMC faire un travail titanesque pour expliquer qu’il s’agit d’un canular international…

Fin de la guerre en Irak

Le 12 novembre 2008, ils ont diffusé à cent mille exemplaires dans les rues de New York un faux numéro du New York Times titrant à la une : « Iraq War Ends. » « La guerre d’Irak est finie ».

Pour en savoir plus : theyesmen.org