Le jeu destructeur des dettes inextinguibles continue. Depuis la suppression du droit régalien de battre monnaie pour l’ensemble des pays de l’UE, les intérêts cumulés de la dette rendent caduque toute politique.

Les plans de relance augmentent les intérêts de la dette, imposant des plans de rigueur qui détruisent la croissance, mettant au chômage et à la rue des millions de citoyens. On invoque alors de nouveaux plans de relance avec la planche à billet, ces derniers coûtent chers en hausse d’intérêts et seront suivis d’une période d’austérité. C’est un jeu de dupe, c’est comme tenter de planter un clou avec une paire de ciseaux. Certains préconisent de prendre les ciseaux par la tranche, d’autres par la lame ou l’inverse. Mais il ne vient à personne l’idée de prendre le bon outil, à savoir un simple marteau. Il est essentiel d’isoler les banques d’affaires pour protéger l’économie réelle et les pays, de remettre en œuvre une souveraineté monétaire coordonnée à l’échelle européenne, et d’impulser une relance sans avoir à payer des intérêts. Tous nos pays sont suffisamment riches en ressources humaines et en infrastructures pour parvenir à faire cela au nom d’une économie au service de l’homme et non l’inverse.

Nous avions évoqué dans Morphéus la nécessité de mettre en place des réserves monétaires citoyennes convenant qu’aucun politique ne ferait le nécessaire pour stopper la gabegie humaine et financière actuelle. L’idée du crédit social ne peut aussi être mise en œuvre que par une volonté politique. Cependant il n’y a pas d’intelligence politique qui puisse s’exprimer à l’heure actuelle. Ce sont les financiers qui ont mis en place ce traquenard de dettes inextinguibles qui mènent la danse, imposant avec un sadisme affiché des jeux de politiques économiques totalement stériles, improductifs et dont le seul objectif est d’engraisser à la hausse ou à la baisse les milieux de la haute finance. Pendant ce temps les peuples trinquent et le tissu social se déchire. C’est un crime économique prémédité à grande échelle. Or, il faudra bien un jour que ces assassins économiques, véritables meurtriers, soient mis face à leurs responsabilités. L’heure n’est pas à la plainte, mais au travail nécessaire pour remonter aux responsables de ce plan sordide afin de les confondre un jour s’ils venaient à continuer sur cette voie destructrice.

Rédaction Morphéus

Irlande : dépeçage en règle

« Ça va être sévère, mais il n’y a pas moyen d’y échapper ». Le Premier ministre irlandais annonçait, en décembre dernier, le quatrième budget de rigueur d’affilée, depuis l’effondrement en 2008. De fait, après des baisses de salaires, des hausses de la TVA, le gouvernement va récupérer 3,8 milliards sur la santé, l’éducation, etc. Avec un résultat évidemment déplorable : la dette publique continue de grimper, le chômage atteint des sommets, 14,3 %. Seul point étonnant, dans ce pays : le traité Sarkozy-Merkel pour l’austérité budgétaire a été soumis à référendum le 31 mai 2012. « L’électorat irlandais est conservateur et l’électorat irlandais aime voter pour la certitude », commente le ministre des Finances. La certitude est du côté du « oui ». Le plongeon dans le noir, le saut dans l’inconnu sont tous du côté du « non ». (Reuters, 28/4/2012).

L’Espagne sabordée

« Malgré les conditions économiques défavorables, nous pensons que le nouveau gouvernement de droite, arrivé au pouvoir fin décembre a été volontariste et a mis en place une gamme complète de réformes structurelles qui devraient soutenir la croissance économique à long terme », applaudit l’agence de notation Standard & Poor’s.

Mais voilà qui ne l’empêche pas, dans le même temps, de dégrader de deux crans la note de l’Espagne ! Ils font tout bien, mais sont punis… Car à Madrid, les taux d’emprunt bondissent. Et le chômage grimpe à 24 %, il devient même majoritaire chez les jeunes, à 51 %…

La Grèce dans le mur

Athènes poursuit sa course à l’abîme. Athènes a cumulé, en 2011, une hausse de la TVA, un salaire minimum « spécial jeunes » au rabais, l’augmentation de 20 % des tarifs hospitaliers, la privatisation des chemins de fer, transports publics, énergie, routes, voies maritimes, ports, aéroports, banques, etc, 2012 s’annonce de la même veine. Le smic, les retraites, les Assedic, tout est réduit de 22 %. Et pour quel succès ? Malgré les plans d’aide successifs, la dette publique devrait passer de 166 à 189 % du PIB, et la récession, se poursuivre (- 5 %). Les grèves générales se suivent et se ressemblent. Et côté élections en mai, la gauche du « non », est divisée en factions sans guère d’alternative.

Malgré ce décor, semi-apocalyptique, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker vante, avec le programme d’aide, une « opportunité unique que la Grèce ne peut rater. Les autorités grecques doivent poursuivre la mise en place de réformes dans le domaine budgétaire, de la consolidation fiscale et des privatisations » (AFP, 14/03/12). Et la troïka de plaider que « le programme peut placer la dette grecque dans une trajectoire viable ». Est-ce à Moscou, sous Brejnev, que les libéraux ont appris cette novlangue ? Le 6 mai 2012, dans les urnes, les Grecs ont rejeté ce chemin radieux vers le néant…(Fakir n° 55 mai-juillet 2012)

Italie : le modèle Goldman Sachs

« Un Mario Monti à la française » : tout le patronat en rêve à longueur de tribune. C’est que le chef du gouvernement italien n’est pas élu et, du coup, prend sans crainte des mesures dures. Outre le recul de la retraite (la routine), la TVA est passée de 21 à 23 %, et surtout les licenciements vont être facilités – avec contournement des prud’hommes.

Mais pour quels résultats, cette orientation ? La récession devrait s’accentuer, en 2012 (-1,3 %). Le chômage atteint un niveau record, à 9,3 % (30,9 % chez les jeunes). La dette publique ne diminuera pas cette année (à hauteur de 121 %). Mais surtout, ces réformes étaient supposées « calmer les marchés ». Dans un premier temps, cela avait fonctionné : de 6 % en novembre, les taux d’emprunt à un an de l’Italie étaient descendus à 1,4 % en mars. Mais voici qu’ils « bondissent à nouveau », doublent à 2,8 %… Une hausse qui, prenons les paris, ne s’arrêtera pas là. « L’étonnante popularité d’un père la rigueur Goldman Sachs » suit-elle, une courbe inverse aux taux d’intérêt ? : « Pour la première fois depuis novembre dernier, le nombre de mécontents, avec 47 %, est plus important en avril que celui des Italiens satisfaits » (Les Échos, 26/04/12).

Même le rigide Monti, ancien commissaire européen à la concurrence, se sent désormais dans une impasse – et reconnaît que ses réformes sont « déflationnistes »… Les associations d’artisans se sont unies aux syndicats de salariés, le 18 avril, pour une manifestation « contre les suicides dus à la crise » qui touchent petits entrepreneurs et chômeurs. D’autres défilent contre la réforme des retraites et ce gouvernement de technocrates. Mais cette politique dévastatrice peut se poursuivre : aucune consultation n’est prévue avant 2013, et Mario Monti ne briguera pas les suffrages.

(Fakir n° 55, mai-juillet 2012)

Le Portugal sur le chemin de la Grèce

En échange d’un prêt de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, le Portugal a désormais entrepris un vaste programme de rigueur et de réformes. Ce programme de réformes est « en marche », se sont félicités les représentants de la troïka UE-BCE-FMI, se disant « rassurés ».

Le Portugal accusera une récession de 3 % en 2012, un taux record de chômage, une baisse voire une suppression de certaines retraites et un déclin toujours plus dur pour la santé publique du pays. Voilà un programme de paupérisation des populations qui plait aux marchés financiers.

En conclusion

Tous les pays qui suivront les recommandations de la Troïka (FMI – UE – BCE) dans sa forme actuelle, deviendront instables, incapables de gérer des crises politiques, sociales, économiques et finiront par imploser en tant qu’Etat-Nations. N’est-ce pas là tout simplement l’objectif majeur de la Troïka ?

Pourquoi les banques nationales se voient attaquées et dé-stabilisées ? Ne serait-ce pas pour les faire chuter et les faire fusionner dans une « Union Bancaire Européenne » ?

Le fédéralisme que les politiques n’ont pu mettre en place en Europe sera-t-il in fine imposé par une méga structure bancaire aux pouvoirs renforcés ?

Nous nous étonnons tous déjà des fiches d’informations demandées aux particuliers par les banques dans le cadre de la lutte antiterroriste. Faut-il envisager demain de voir, nos impôts, nos retraites, toute allocation, gérés par des Unions Bancaires Transnationales ?

Rédaction Morphéus