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En 1960, la population mondiale atteint le seuil « fatidique » de trois milliards d’habitants. Devant cette explosion démographique, le président Kennedy nous avertissait que, « à moins que l’homme n’arrête la croissance de la population, c’est la croissance de la population qui arrêtera l’homme ». A peine créée en 1965, l’OMS lance son programme sur la reproduction humaine, tandis que la Fondation Ford développe un programme de cent millions de dollars dans ce domaine.

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Dix ans auparavant, Frederick Robbins, Prix Nobel de médecine en 1954, exprimait cette attitude dominante de l’époque devant l’American Association of Medical Colleges (œuvre de la Fondation Rockefeller) : « les dangers de la surpopulation sont si grands que nous devons utiliser des techniques de contrôle de contraception qui peuvent entraîner un risque considérable pour chaque femme ».

La première pilule contraceptive est ainsi mise au point en 1956 par le Dr Gregory Pincus et commercialisée en 1960. Ses travaux de recherche sont financés par le Planning familial américain et surtout par Kathleen Dexter, deuxième femme à obtenir un diplôme du Massachusetts Institute of Technology, et qui avait épousé Stanley MacCormick, le « millionnaire fou ». Son beau-frère Harold McCormick, en épousant une des filles de J. Rockefeller, devient un des piliers de la Fondation Rockefeller ; après son divorce, il est opéré par Serge Voronov, chirurgien spécialisé dans la transplantation de testicules de singes chez les hommes impuissants…

De son côté, le laboratoire allemand Schering — qui sera racheté par Bayer en 1996 — travaille sur un progestatif anti-androgène (acétate de cyprotérone, ou CPA) comme contraceptif masculin mais le projet sera abandonné en raison de la baisse du désir sexuel des patients. En 1969, le Bundestag autorise l’administration du CPA ou Androcur aux délinquants sexuels, la castration chimique pouvant se substituer dans certains cas à l’incarcération. Egalement utilisé dans le traitement du cancer de la prostate, cet anti-androgène, associé en 1978 à l’éthinylestradiol est commercialisée sous la marque Diane et présenté comme un médicament anti-acnéïque et contraceptif. Bien que 65 à 91 % des experts de l’Agence du Médicament déclarent des liens d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique, son autorisation de mise sur le marché (AMM) comme anti-acnéique ne sera accordée en France qu’en 1987, un expert français ayant exigé personnellement de recevoir l’équivalent du chiffre d’affaires annuel estimé pour la France…

Le modèle contraceptif français apparaît peu flexible, restant caractérisé par un recours important au préservatif en début de vie sexuelle, l’utilisation de la pilule dès que la vie sexuelle se régularise et le recours au stérilet quand les couples ont eu les enfants qu’ils désiraient. La France est de loin le plus gros consommateur de pilule contraceptive en occident, 58 % des françaises contre 40 % en Allemagne, 30 % en Italie et en Espagne, 27 % en Grande-Bretagne, 20 % aux USA, 19 % au Canada et 4 % au Japon. Son utilisation a cependant baissé de 4,6 % depuis 2000 à tous les âges. Seules les femmes de 45-49 ans lui préfèrent le stérilet, utilisée en moyenne par 21 % des françaises (4 % en Grande-Bretagne). 59 % des femmes de 15 à 17 ans utilisent le préservatif dont le recours décline avec l’âge (28 % globalement). L’implant, l’anneau vaginal et le patch contraceptif sont utilisés par 4 % des françaises. La stérilisation est utilisée chez 11 % des françaises (contre 49 % des américaines et 61 % des canadiennes). Les méthodes naturelles sont utilisées par 10 % des femmes, mais ne sont enseignées ni à l’école, ni au planning familiale.

Marc Vercoutère, Morphéus n° 56, mars avril 2013