Les verriers chartrains était une confrérie odinique nommée « coopérative des fondeurs de verre » (gler-steypara-lag) en vieux norvégien, langue parlée à Chartres depuis les invasions vikings). Elle fonctionnait dans le cadre d’une république occulte d’esprit égalitaire et était régie par des statuts octroyant aux chanoinesses une autorité d’essence théocratique, tempérée et limitée par le pouvoir démocratique des maîtres et compagnons verriers. Tous les cinq ans et en présence des chanoinesses, les affiliés élisaient un grand-maître à bulletins secrets.

La grande chanoinesse possédait un droit de veto. Elle pouvait rejeter l’élection du grand-maître si elle le soupçonnait de ne pas être de stricte obédience odinique. Elle pouvait le révoquer en cours de mandat s’il abandonnait sa foi païenne ou s’il commettait des malversations. Elle pouvait annuler un marché ou un contrat susceptible de porter préjudice à la confrérie et donc, annuler certaines délibérations, en particulier celles concernant la comptabilité de la confrérie. Elle n’exerçait ce pouvoir discrétionnaire que fort rarement, car ses moyens de pression étaient fort efficaces.

Par exemple, au cas où la confrérie aurait eu l’intention de se rebeller ou de restreindre l’autorité de la chanoinesse, celle-ci pouvait interrompre le ravitaillement en agates bleues et vertes. Ces gemmes, qui provenaient du dépôt de Naefrholt en Islande, n’étaient expédiées qu’aux seules chanoinesses. Sur le plan financier, 50 % des actifs appartenaient aux chanoinesses et 50 % aux maîtres-verriers et compagnons. Les chanoinesses prélevaient 25 % des bénéfices de l’exercice. Les 75 % restants étaient attribués aux verriers.

Le grand-maître verrier traitait les marchés, dirigeait la production, recherchait et améliorait les procédés de fabrication et tenait la comptabilité. Sur le plan extérieur, de concert avec la chanoinesse, il assumait la défense des adhérents et le maintien du monopole de la coopérative face aux pressions, aux ingérences et aux exactions du pouvoir civil.

En 1082, Hugo Guygnart de Wimpel était maître verrier de l’important atelier chartrain, fixé non loin de l’actuelle place des Espars, et grand-maître de la loge odinique. La famille de ce riche et puissant notable était de souche carolingienne. Elle descendait de l’historien Eginhard et de la fille de Charlemagne.

Extraits Morphéus n° 119, sept-oct 2023