D’après le journal Bloomberg, la France se prépare à devenir le premier pays européen à utiliser la reconnaissance faciale pour ses services publics. Il suffira pour cela de créer un compte Alicem depuis son smartphone. L’utilisation de cette application n’est pas obligatoire pour le moment, mais elle entre dans un projet plus large : la dématérialisation administrative globale d’ici 2022. Certains organismes ont exprimé leurs réticences face à cette décision car les utilisateurs de l’application n’auront pas d’autre alternative possible que l’identification par reconnaissance faciale. Le libre consentement sera donc ignoré. La contrainte d’acheter une technologie high-tech sera généralisée. A défaut, en 2022 vous n’aurez plus aucun accès aux services publics dématérialisés. Comme à son habitude, la Macronie l’imposera comme un fait accompli, sans aucun débat. Du reste, l’application Alicem avec la reconnaissance faciale est déjà en cours de déploiement depuis novembre 2019 dans notre pays. Avec quelques années d’avance, l’exemple de la Chine nous donne un aperçu de ce qui sera fait en France.

Internet en Chine

Pour disposer d’internet ou avoir un numéro de téléphone, un scan du visage est obligatoire. Le gouvernement chinois impose aux opérateurs de scanner le visage de leurs clients pour associer une identité à chaque numéro ou connexion internet. S’il y a bien un domaine où la Chine surpasse toutes les autres puissances, c’est bien dans sa capacité et sa volonté de surveiller ses citoyens. A partir du 1er décembre 2019, les Chinois qui voudront une nouvelle connexion internet ou un nouveau numéro de téléphone auront leurs visages scannés par l’opérateur.

 

854 millions d’internautes scannés

Le Ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) a annoncé la nouvelle le 27 septembre. La Chine veut un visage derrière chaque numéro de téléphone et chacun des 854 millions d’internautes de l’Empire du Milieu.

Cette mesure s’inscrit dans la continuité de la démarche du gouvernement, amorcée en 2010, visant à connaître l’identité de chaque personne possédant un numéro de téléphone. Depuis 2013, renseigner son identité avec photo est obligatoire pour les détenteurs d’une ligne téléphonique. Pour ouvrir une ligne ou s’abonner à une offre téléphonique ou internet, une courte vidéo est exigée pour confirmer l’identité du client. Désormais, c’est uniquement la reconnaissance faciale qui permettra d’accéder à ces services.

Interdiction de revendre sa carte SIM !

Pour que le gouvernement soit sûr d’avoir la bonne personne avec le bon numéro, il est interdit depuis le 1er décembre 2019 de revendre sa carte SIM. Les entreprises de télécommunications doivent également contrôler si les numéros et les identités correspondent. En 2016, on estimait qu’au moins 100 millions d’utilisateurs n’avaient pas encore lié leur SIM avec leur identité.

Selon les dires du gouvernement chinois, cette mesure est censée « protéger sérieusement les droits et les intérêts des citoyens dans le cyberespace ». Toujours selon le communiqué du MIIT, cette mesure doit permettre « de s’adapter efficacement à la nouvelle situation, en matière de prévention et de contrôle de la fraude sur les réseaux de télécommunication ».

 

Notation sociale

Il faut savoir que la reconnaissance faciale est une technologie qui est répandue en Chine depuis plusieurs années. Il est par exemple possible de payer son titre de transport en scannant son visage dans la ville de Shenzhen, à côté de Hong-Kong. Des résidences universitaires utilisent ce système pour ouvrir leur accès. Selon l’Association Chinoise des Paiements, 85 % des consommateurs chinois sont à l’aise avec le paiement par méthodes biométriques.

En Chine, la reconnaissance faciale est un des outils utilisés dans le système de notation sociale révélé en 2014. Dans ce système de bonus-malus, les citoyens gagnent ou perdent des points de crédit social en fonction de leur civisme. Traverser hors des clous, frauder dans les transports, fumer dans une zone non-fumeur, voilà autant de comportements pouvant aboutir à un malus. Des dons à des associations ou le respect des lois entraînent des bons points.

 

23 millions d’habitants privés de transport à cause de la notation sociale

Gare à ceux qui manquent de civisme ! En 2018, 23 millions de personnes n’ont pas pu prendre l’avion ou le train à cause de leur mauvais comportement. L’accès à certains emplois ou à des crédits bancaires peuvent également être corrélés à cette notation sociale.

Pour attribuer ces notes, le gouvernement enregistre tout ce qu’il peut trouver : casier judiciaire bien sûr, mais aussi informations fiscales ou messages publiés sur les réseaux sociaux. À quoi, il faut ajouter la reconnaissance faciale offerte par des caméras de vidéos surveillances de plus en plus perfectionnées.

 

450 millions de caméras en 2020

200 millions de caméras de surveillance recouvrent le territoire chinois. Elles devraient être 450 millions d’ici 2020. Récemment, des scientifiques de l’Université de Fudan, basés à Shanghai et à l’Institut Changchun, ont développé une caméra de 500 mégapixels, dotée de la reconnaissance faciale et capable de surveiller de grand rassemblement. Ce dispositif permet  d’identifier le visage de n’importe quel passant, en particulier ceux qui manquent de civisme. La base de données, ainsi constituée par les opérateurs téléphoniques, facilitera grandement toute identification dans la rue, sur internet, et sur les réseaux sociaux…

 

Surveillance des étudiants

Une université chinoise installe des caméras de reconnaissance faciale dans les salles de classe pour surveiller le comportement des étudiants. L’Université pharmaceutique chinoise de Nanjing, dans la province de Jiangsu, dans l’est de la Chine, teste le système dans deux salles de classe et prévoit de l’installer dans chaque salle de classe.

Global Times rapporte : « Le système peut accéder aux informations personnelles de chaque élève et surveiller son comportement en classe… ». Ce système accède directement à tous les smartphones des élèves. Les caméras permettent de contrôler le temps d’attention de l’élève et sa participation. S’il somnole, s’il communique ou joue sur son smartphone, cela peut impacter sa notation sociale.

Les élèves chinois, soumis à ce régime de contrôle comportemental continu, s’en plaignent. Ils considèrent que ce système porte atteinte à leur vie privée. Cependant, les responsables de l’école insistent sur le fait que les caméras sont nécessaires pour encourager la discipline.

 

Technologie inquiétante

Cette technologie inquiète partout dans le monde. San Francisco, berceau des géants des nouvelles technologie, a banni l’utilisation de la reconnaissance faciale. En France, des essais ont été conduits pendant le carnaval de Nice. Notre régime actuel, bien loin de critiquer la Chine sur ce point, s’en inspire en vue de l’appliquer sur le peuple français.

 

Sources :

https://siecledigital.fr

https://www.aubedigitale.com

https://www.usine-digitale.fr

 

Publié dans Morphéus n°97 janvier février 2020