Les tholos sont des structures circulaires destinées à l’enfantement sacré. Ces maternités sacrées relèvent du culte protohistorique d’Apollon. Des cromlechs chez les proto-celtes, au temple de Delphes chez les grecs, la tradition a perduré. L’on retrouve toujours la même architecture figurant l’étoile polaire et la circonvolution de la petite ou grande Ourse autour. L’axe du ciel est le lieu des paradis célestes chez les Anciens, nommé île céleste de Thulé. Au fil des nouvelles révélations on trouvera Zeus, Apollon, le Christ ou encore Odin, figurés au cœur d’une immuable représentation hyperboréenne du culte de l’étoile polaire des origines, le pôle céleste présidant à la destinée des êtres humains.

La coupole de la basilique Sainte-Sophie

C’est à Constantinople que fut construite la dernière tholos, qui est la basilique Sainte-Sophie dédiée à la déesse de la sagesse Sophia. Les recherches archéologiques permettent de croire qu’elle a été construite sur les ruines d’un ancien temple d’Apollon. Sophia est l’anagramme de ophi-as (ophis = serpent en grec ancien et as = dieu). Il s’agit de la déesse du serpent, une Pythie ou prêtresse d’Apollon. Les prêtresses d’Apollon mâchaient des feuilles de laurier rose ou inhalait une fumigation faite à partir de ses feuilles pour produire la transe prophétique appelée « enthousiasme », du grec enthousiasmós (en-theós-ousía-atmós = en soi – dieu – émanation -souffle vaporeux), c’est-à-dire accueillir en soi le souffle vaporeux de l’émanation divine. « Serpent » par permutation des syllabes donne « penser » car il s’agissait de penser en accord avec les dieux grâce à l’éveil du chakra coronal. Pour « penser » de la sorte, il fallait de manière initiatique faire monter dans son corps subtil une énergie purificatrice serpentiforme.

La basilique Sainte-Sophie est inaugurée le 15 février 360 par l’empereur Constance II. Cette date choisie par les astrologues n’était certainement pas un hasard puisqu’elle correspond aux 360 degrés du zodiaque (zoidiakós). Le terme zodiaque nous vient d’une translitération issue de l’égyptien. Il est lié au cycle de l’étoile Sirius, (Sôthis en grec). Zoidiakós est une concaténation des termes Sôthis-diákonos-akoúô (serviteur messager – prêter l’oreille et obéir).

Mais Sôthis avait un double sens et désignait aussi l’étoile polaire. Ceci nous renseigne plus précisément sur la finalité réelle de la basilique Sainte-Sophie qui constitue un temple de la destinée pour la rénovation chrétienne de l’ancienne tradition. Sa coupole est une fleur gigantesque à quarante étamines rayonnantes, au centre de laquelle se trouvait un Christ Pandokrátor assis sur un arc-en-ciel, pour signifier sa réalisation du corps d’arc-en-ciel. La croix derrière lui est centrée sur l’étoile polaire pour indiquer que le Christ est descendu de l’île céleste de Thulé qui est le royaume protohistorique des dieux. Il est aujourd’hui effacé par une calligraphie arabe. Les quarante étamines sont les huit positions cardinales et intermédiaires de la Grande Ourse autour de l’étoile polaire. Comme la Grande Ourse est symboliquement représentée par cinq étoiles, les huit directions cardinales et intermédiaires totalisent quarante positions (5 x 8).

(La photo de la coupole de la basilique Sainte Sophie ci-dessous date d’avant la transformation de l’édifice en mosquée. Le Christ sur un arc-en-ciel a été recouvert par un écrit arabe sur fond noir.)

Les coupoles de l’église St-Sauveur-in-Chora

L’église Saint-Sauveur-in-Chora a été construite à Constantinople au Ve siècle, pendant les reconstructions successives de la basilique Sainte-Sophie. Comme la basilique, l’église a elle-même été reconstruite plusieurs fois. C’est pourquoi nous pensons que ses décorations ont été inspirées par celles qui existaient alors dans la basilique impériale en perpétuelle reconstruction, jusqu’à sa reconstruction finale par Justinien le 23 février 532. Son nom Chora se réfère au théonyme de la déesse Kórê signifiant jeune femme, mariée.

Cette église est aussi appelée Saint-Sauveur. Sauveur se traduit en latin par salvator (salva-tor = salvare-Thor = sauver-Thor) qui signifie Thor sauveur. Il se traduit en grec par soter (sauveur) qui est une épithète de Zeus. C’est à partir de ce mot que s’est formé le terme « é-sotér-isme » qui désigne la doctrine secrète qui sauve les âmes. Cette doctrine été transmise dans l’architecture sacrée monumentale, en général, et dans les constructions religieuses du Christianisme byzantin à Constantinople, en particulier.

La coupole de la Vierge et l’enfant de l’église St-Sauveur-in-Chora

Sur la coupole nocturne de la Vierge étoile, on compte douze étamines rayonnantes qui représentent les courants descendant de l’étoile polaire vers les douze constellations zodiacales. C’est une manière d’indiquer que les destinées humaines calculées par les astrologues sont gérées par les couples divins de l’île sainte de Thulé, qui est le paradis hyperboréen. De ce point de vue, la Vierge succède à toutes les Vierges des temps passés qui siégèrent sur le trône des destinées.

On remarque qu’elle est représentée au milieu du lotus, tenant le Christ dans ses bras. Là aussi, il y a une double signification. Dans le premier cas, la Vierge est la mère du Christ enfant issu de son lotus. Dans le second cas, la Vierge est la femme du Christ dont elle tient le fils issu de son lotus. Il y a donc déjà deux Vierges au moins. Nous avons déjà étudié le latin matria (mater-tria = mère-trois) signifiant les trois mères. Ici, nous avons la nouvelle signification matria (Marie-tria = marie-trois) qui est une référence au culte des trois Maries. Il faut supposer qu’en parfaite concordance avec l’ancienne tradition multimillénaire, le Christ est né d’une triade, en tant que fils, et appartenait lui-même à une triade, en tant que mari. La Vierge Marie conservée dans les écritures était l’ama, c’est-à-dire la sœur aînée du collège des trois Maries. La tradition chrétienne patriarcale et misogyne conserve une ambiguïté volontaire sur ce sujet.

La coupole de la généalogie du Christ

Sur la coupole nocturne du Christ étoile, on compte vingt-quatre étamines rayonnantes qui représentent les courants descendants de l’étoile polaire vers les vingt-quatre heures du nycthémère (nukhthemeron = une nuit et un jour) ; les vingt-quatre heures du nycthémère sont reliées aux vingt-quatre quinzaines annuelles. L’année des hommes est considérée comme un jour des dieux. La gestion des destinées humaines est donc répartie entre la Vierge et le Christ identifiés à Héra et Zeus. On remarque que le Christ Pandokrátor (tout-puissant, omnipotent) est représenté au milieu du lotus de sa mère Marie-Sophia, pour affirmer la continuité de l’ancienne tradition.

Dans cette position, il a une double signification. Dans le premier cas, il peut être considéré comme le fils de sa mère Marie ; il se tient au centre du lotus dont il est issu. Dans le second cas, il peut être considéré comme le mari de sa femme Marie ; il se tient au centre du lotus qu’il féconde.

Explication des serpents-dragons qui entourent les médaillons

Sur les deux coupoles de l’église St-Sauveur-in-Chora, les médaillons de la Vierge et du Christ sont entourés par un serpent-dragon couleur d’arc-en-ciel. Si l’on agrandit l’image, la peau en tresse écaillée du serpent-dragon est clairement visible. Il s’agit du python des Pythies représenté en Ouroboros (ourá-borós = queue-mangeur) signifiant littéralement « qui se mange la queue ». Les couleurs inversées des écailles entre le Christ et la Vierge indiquent les serpents masculin et féminin. Par serpent, il faut entendre l’énergie serpentiforme qui s’élève dans le canal central subtil. Les rotations sont en symétrie miroir, à l’image de l’homme et de la femme. Le serpent masculin forme une hélicoïde dextrogyre, le serpent féminin forme une hélicoïde sénestrogyre.

Ces deux serpents-dragons indiquent la réalisation des corps d’arc-en-ciel féminin pour la Vierge et masculin pour le Christ. Leurs corps physiques dématérialisés se sont transformés en lumière et ils ont gagné l’île sainte de Thulé. Cette réalisation leur permet de se rematérialiser à volonté sur Terre selon leur désir, sans passer par la voie naturelle de la matrice. Ceci est exposé dans le Nouveau Testament, en parfaite conformité avec l’ancienne tradition, qui raconte que les dieux se manifestaient jadis sur Terre, en prenant toutes sortes d’apparences, sans devoir jamais s’incarner physiquement. C’est même un dogme du Christianisme qui est appelé Assomption. Il s’agit de la transformation du corps physique du Christ, en un corps de lumière arc-en-ciel.

© Romuald Skotarek
Morphéus n°108 novembre 2021